Après une bonne nuit de repos dans le calme, nous nous levons avec la grisaille et la pluie. Qu'importe, aujourd'hui nous visitons le parc national. En une petite matinée, nous randonnons dans les gorges de la Jökulsá á Fjöllum, petit fleuve presque tranquille comparé à la démesure des gorges taillées par des crues cataclysmiques dues au volcanisme sous-glaciaire. En fait les remous sont impressionnants et l'eau noirâtre trahit bien son origine glaciaire.
Nous suivons un ruisseau affluent du fleuve, fréquenté par les canards siffleurs, circulons entre les gorges et les mares à carex et petits limicoles. La présence d'arbres - des bouleaux d'au moins 2 mètres de haut - et de champignons - des cèpes que nous nous abstenons stoïquement de cueillir, ils participent au charme du site - est très reposante après tant de déserts. Arrivés à la ferme de Svínadalur, nous bifurquons vers l'aval et longeons la rivière pour retrouver notre camping.
Nous reprenons la voiture pour l'étape suivante, Asbyrgi, dans le
même parc national mais plus au nord. Ici, la mesure n'est plus la
même. Le camping - également géré par le parc national
- rappelle davantage le tourisme de masse : une cabane en bois à côté
d'un grand parking fait office d'accueil. Le tarif est le même qu'à
Vesturdalur (et que partout ailleurs en Islande) : 500 couronnes par personne
pour la nuit. Nous posons le Land sur le premier emplacement libre que nous
trouvons, et nous nous précipitons vers la douche. C'est du grand
luxe ! WC chauffés, machines à laver, sèche-linge, lavabos,
douches payantes : 100 couronnes pour 5 minutes d'eau chaude. Nous engageons
une course contre la montre pour arriver à tout laver et shampooiner
- et surtout rincer - en moins de 5 minutes chrono. C'est court, mais ça
passe. Nous suggérons l'installation d'une sirène qui prévienne
une minute avant la fin afin de mieux maîtriser le timing.
Arrivés tôt au camping, nous nous installons sérieusement
pour la nuit. C'est-à-dire que nous montons l'auvent, l'espèce
de tente géante et malcommode prétendument adaptée
au Land. Au Land certes, mais pas au camping, du moins pas en Islande. Cependant
une fois tout installé, le campement devient royal, avec un espace
incroyable pour cuisiner, manger, écrire des cartes postales au sec,
sans vent. Christophe y monte un vieux lit en fer, démontable - deux
pieds, deux traverses et une toile, très rustique - pour avoir une
chambre séparée. Frédérique et moi restons dans
la tente de toit. L'installation surprend beaucoup nos voisins de camping
!
Nous " profitons " d'un peu de temps libre : Frédérique fait
de la lessive, Christophe sort l'ordinateur portable pour sauvegarder les
photos numériques, tandis que je cuisine dans la tente. Ce soir, c'est
un repas de fête : pizza du nomade. La recette est simple : à
partir d'une sauce tomate améliorée et d'un pain banique tranché
en deux - dans l'épaisseur, bien sûr - on cuisine deux pizzas
à la poêle, d'une qualité tout à fait acceptable.
L'intérêt du camping par rapport au bivouac sauvage réside
aussi dans les rencontres qu'on y fait. Nous discutons avec un couple en
train de préparer un diaporama sur l'Islande. Et avec une famille habituée
aux déserts africains qui visite l'Islande pour la première
fois. Ils nous rassurent au sujet de la Maggiolina (notre tente de toit italienne,
le grand modèle), qui d'après eux résiste aux tempêtes
de sable sahariennes. Désormais, nous dormirons mieux.