La météo n'est pas meilleure au lever du jour. Pour nous remonter le moral, nous nous offrons un bon petit-déjeuner au chaud. C'est mon tour d'utiliser le pot de skyr comme bol. Nous essayons des sandwichs en stratifié Korni-confiture-Korni pour obtenir une meilleure tenue mécanique des tartines. Bref, nous traînons. La motivation est plutôt faible ce matin, et notre destination incertaine. Après une longue concertation devant la carte, nous optons pour l'est. Pourtant, Christophe était bien décidé à aller à l'ouest, du côté où une pancarte indique une piste difficile, avec des sables mouvants, sur laquelle il est fortement déconseillé de s'engager seul : " Please don't go alone ! ", comme dit la pancarte. Sachant que nous sommes seuls, en fin de saison, sans aucun matériel de désensablage, l'expérience intéressait fort Christophe. Mais nous choisissons la prudence, et prenons la direction du Landmannalaugar, entre les glaciers Vatnajökull et Hofsjökull. Puisque le temps ne nous permet pas de randonner, roulons ! Plusieurs centaines de kilomètres nous attendent. J'en profite pour recharger mon rasoir électrique. Je l'avais branché sur l'allume-cigare lors de l'étape, mais Christophe a eu peur que je ne vide la batterie de la voiture en rechargeant celle du rasoir. Je ne pensais pas mon rasoir capable de vider une batterie de Land ! D'autant que le Land en question est équipé d'une deuxième batterie alimentée par l'alternateur et destinée à fournir l'habitacle en 220 V (par l'intermédiaire d'un onduleur), nous permettant d'alimenter téléphone, ordinateur portable, appareil photo numérique... Désormais je porterai un regard différent sur mon petit rasoir.
Nous marquons une pause sur la F752 au refuge de Laugafell, où
une pluie battante nous décourage de nous attarder. Une jeune hôtesse
au français impeccable nous indique la route à suivre. Mais
Christophe n'est pas décidé à en rester là question
4x4 aventure, et lorgne sur une petite piste secondaire, traversée
de nombreux gués, permettant d'atteindre le Parc national de Thjórsárver.
Nous obtenons tout de même un arrêt au refuge de Tungnafell pour
nous renseigner sur l'état des routes. Après un rapide coup
de fil au refuge suivant, l'hôtesse nous confirme que la piste en question
n'est pas pratiquable, les gués ayant tendance à se déplacer
dans les marais, et que les Islandais eux-mêmes n'utilisent plus cette
piste. Grosse déception pour Christophe. Heureusement, il reste une
autre piste secondaire allant dans la bonne direction, nous pourrons donc
jouer avec le 4x4 sur des pistes destinées aux spécialistes.
Quant à la météo dans le sud, l'hôtesse nous répond
laconiquement : " It is raining cats and dogs ".
La poursuite de notre itinéraire sur la F26 est un peu tristounette,
le Sprengisandur sous la pluie, même si quelques gués permettent
de jolies photos. Nous passons le Thjórsárver sans le voir,
un peu déçus de ne pas pouvoir s'y rendre, mais sans doute
est-il nécessaire de disposer d'une carte plus précise et de
quelques tuyaux pour visiter ses marais. Un petit lac équipé
d'un ponton nous plaît bien : beau point de vue sur le marais avec
le glacier en fond, l'endroit promet d'être intéressant au printemps
quand les oiseaux sont présents. Le soir commençant à
tomber, nous cherchons un bivouac. L'endroit n'est pas très propice,
et après quelques kilomètres, nous nous arrêtons en bord
de route F26, entre deux talus nous abritant du vent. Il fait froid quand
même, et tout se fait à l'intérieur du Land : cuisine,
repas... Nous avons pris l'habitude de garer le Land nez au vent pour protéger
l'arrière quand je cuisine. Mais dès que quelqu'un ouvre une
porte avant, le courant d'air souffle la flamme du réchaud, et alors
là, je hurle : " La pooorte ! ".