Lundi 27 août

Voilà de quoi nous mettre de bonne humeur pour la journée. Il fait chaud, et nous prenons le temps de nous préparer un petit-déjeuner gargantuesque. Il est onze heures quand nous avons tout plié, mais au moins avons nous profité d'une bonne matinée.
Ce matin, nous visitons Eldgjá, faille monumentale du rift islandais située sur la zone géologiquement active. L'effet est saisissant : nous roulons sur une piste tracée au fond d'une faille large de 30 mètres, entre l'Amérique et l'Europe. Garés au parking, nous explorons cette gorge à pied, jusqu'à une cascade due à la capture d'une rivière par la faille. Sur les deux rives du rift, on distingue une croûte volcanique coupée net par l'écartement des plaques. Et au milieu, de petites bouches volcaniques ont craché récemment une lave pâteuse solidifiée en dégoulinures noirâtres à violettes. On peut encore y deviner le mouvement du magma pâteux. Frédérique en prélève quelques beaux échantillons pour notre collection.
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Sur le chemin du retour, peu avant le parking, Frédérique m'interpelle alors que je marche gaiement le nez au vent. A trois mètres de nous, un lagopède nous observe. L'oiseau se tient parfaitement immobile sur un rocher, cou tendu, à l'affût de tout mouvement suspect. C'est une femelle Lagopède alpin qui surveille ses petits. Juste en dessous, slalomant entre les cailloux et les arbrisseaux nains, six petites boules de duvet picorent les fleurs et les jeunes pousses. Ils se coursent, s'arrêtent, s'éloignent et se regroupent sous l'oeil vigilant de leur mère. Celle-ci pousse régulièrement un petit cri de ralliement, maintenant ainsi le contact avec ses troupes. Le temps de saisir l'appareil photo avec le téléobjectif, et je mitraille la petite famille, prenant des portraits comme on a rarement l'occasion d'en faire. La mère ne nous considère visiblement pas comme des prédateurs. Profitant de sa confiance, je me poste derrière un bloc rocheux, attendant les petits qui viennent dans ma direction. Mais la manoeuvre n'a pas échappé à la maman ; elle pousse deux petits cris aigus alors que deux jeunes imprudents s'approchent de moi, et c'est la débandade vers un abri plus sûr. Tant pis, j'aurai quand même quelques jolies photos.
De retour aux voitures, nous croisons un jeune couple de français, à qui nous indiquons la présence des lagopèdes. Vu leur tête, j'ai l'impression qu'aujourd'hui encore ils se demandent " des lagoquoi ? ".

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L'après-midi nous faisons un deuxième passage au Landmannalaugar, et une randonnée un peu plus longue que la veille. Le sentier débute à Laugahraun, spectaculaire coulée de rhyolite recouverte de blocs d'obsidienne brillant au soleil. Solfatares fumants, torrent ayant entaillé des roches verdâtres, le paysage est grandiose, nous y restons des heures.

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Revenus tard au camping, nous nous décidons à nous baigner dans la rivière chaude, après de longues hésitations. Le vent froid n'incite pas vraiment à la baignade, et il faut un certain courage - ou une inconscience certaine - pour se lancer. D'ailleurs Christophe est le premier dans l'eau. Le plus dur, c'est le trajet entre le ponton où on se déshabille et la source chaude : il faut traverser une rivière peu profonde mais franchement froide sur une quinzaine de mètres, soit au sprint, soit à la nage. Et une fois qu'on est dans l'eau chaude... on se gèle ! Un groupe d'Italiens sympathiques mais encombrants occupe l'arrivée d'eau chaude (une source à 80°C qui se jette dans la rivière), et nous devons rester à distance, là où la température de l'eau a déjà baissé. Nous finissons par quitter l'endroit avant eux, pas décidés du tout à céder la place.

Le site du Landmannalaugar étant protégé, nous campons en dehors du périmètre, juste après le panneau interdisant le camping. Alors que nous nous installons à la nuit tombante, Christophe montant la tente, Frédérique au pain banique et moi à la cuisine, une moto arrive sur nous. A notre grande surprise c'est notre copain Oye, toujours dans le coin. Il nous demande si nous n'aurions pas vu passer une moto blanche. En effet, il a vu des traces de moto zigzagante dans le sable, et après avoir étudié la forme des empreintes il aurait reconnu un motard italien rencontré durant son périple et qu'il espère rejoindre. Oye, grand pisteur de moto !

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