Mardi 28 août

Temps bouché à nouveau ce matin. C'est dommage, aujourd'hui nous devions grimper sur l'Hekla, le plus célèbre volcan d'Islande. Le plus dangereux aussi d'après les topos, qui indiquent qu'à partir des premiers séismes, on dispose de seulement 30 minutes pour fuir avant l'explosion cataclysmique... Nous nous préparons paresseusement, et nous empruntons la piste qui gravit l'Hekla. Rapidement nous parvenons sur un plateau désertique entièrement recouvert de scories noires et légères. Nous y faisons une courte pause pour nous dégourdir les jambes. Quand on marche, le sol croustille comme une neige dure et croûtée, une étonnante neige noire. Frédérique prélève quelques échantillons de scories : cailloux poreux et luisants aux reflets irisés, on croirait les rejets d'une mine. Nos cartes sont trop peu précises pour réussir à nous repérer correctement. D'autant que la vue ne porte pas très loin vers le sommet, entièrement pris dans les brumes. Mais la piste continue son ascension, donc nous suivons. Elle devient plus raide maintenant, légèrement déversante, et les scories instables ne nous rassurent pas vraiment. En troisième courte dans la montée, le Land cale. Il nous faut redescendre en marche arrière, dans un dévers pentu où le sol se dérobe. Le deuxième essai, en seconde courte, différentiel central bloqué (" difloc " comme dit Christophe en spécialiste) sera plus glorieux. Nous parvenons au petit Hekla, Litla Hekla, nouveau plateau venté à 900 mètres d'altitude d'où nous apercevons par moments les coulées de lave récentes. La piste continue toujours, de moins en moins marquée, de plus en plus pentue. Toujours partant, Christophe est d'avis de continuer. Jusqu'au sommet ? Nous n'en aurons pas l'occasion, la dégradation de la météo nous décourage définitivement.

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Redescendus dans la vallée, nous visitons un hôtel-restaurant-souvenir-station service où une exposition explique la politique de revégétalisation menée en Islande. Puis nous prenons la piste 32 au bord de laquelle nous dénichons une petite oasis tranquille pour déjeuner : petit cours d'eau poissonneux bordé de feuillus, forêt et falaises rocheuses en face, le site est joli et ferait un excellent bivouac. Après le repas, nous découvrons que le vallon est couvert de champignons. En une heure, nous ramenons un sac plastique rempli de bolets. Ce sera pour le repas de ce soir. Nous poursuivons par la route 30, goudronnée, avec une courte pause à Fludhir pour refaire des provisions. Histoire de changer un peu, nous achetons des haricots cuisinés à la tomate (des beans), du maïs en boîte, du bacon, de l'Ostur au poireau et des œufs pour l'omelette aux champignons. Puis nous visitons Gullfoss, la cascade d'or, 32 mètres de hauteur, réputée être la plus belle cascade d'Islande. C'est vrai qu'elle est jolie, avec sa forme de cataracte en deux parties et ses embruns qui s'élèvent au-dessus d'une gorge étroite taillée par la rivière Hvítá. D'autant qu'un rayon de soleil vient l'illuminer pour la photo souvenir. Les aménagements sont à la hauteur du nombre de visiteurs : deux immenses parkings, une plate-forme qui domine le site, et une " maison de la cascade " avec restau. Nous approchons de l'Islande touristique.

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La suite de la route nous conduit au site de Geysir, mondialement connu puisqu'il a donné son nom aux fameux geysers. Il s'agit d'un champ de 3 km² environ, clôturé et fermé la nuit, dans lequel on cultive toutes sortes de baignoires, bouilloires et autres marmites. Des alignements de petites flaques d'eau transparente bouillonnent et crachotent par intermittence. Un peu plus loin, deux grandes baignoires fumantes répondant au nom de " Blesi " offrent une eau limpide invitant à la baignade, fortement déconseillée toutefois pour qui veut éviter une cuisson express. Dans le premier bassin, tiède, les particules de silice en suspension diffusent la lumière et donnent à l'eau son aspect opalescent ; la température élevée de l'autre bassin (plus de 90°C d'après les indications !) maintient la silice sous forme dissoute et rend l'eau transparente. Ils sont bordés de geysérite, dépôts de silice précipitée à l'aspect d'opale du plus bel effet.

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Des coulées de sublimés colorent de turquoise le sol dénudé entre les cheminements des piétons. Enfin, stars du site, les geysers. Strokkur est en pleine forme, crachant toutes les 4-5 minutes un panache d'eau et de vapeur pouvant atteindre 30 mètres de haut. L'éruption commence par quelques remous dans le bassin, suivis d'une bulle qui enfle et se dilate, pour finir en un jaillissement bruyant et aérien. L'eau qui s'écoule retourne alors sous terre comme un lavabo géant qui se vide. Geysir, l'ancêtre, profite d'une retraite bien méritée après 10 000 ans de bons et loyaux services, et se contente de gargouillis suivis parfois de quelques éclaboussures. Des panneaux expliquent d'ailleurs que le site connaît un regain d'activité géothermique en ce moment.

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A proximité du champ se trouvent un hôtel-camping-station-service et la maison des volcans, qui fait office de boutique à souvenirs autant que de point d'informations, avec une salle de projection malheureusement payante. Nous la visiterons plus en détail une prochaine fois. Pour le moment notre préoccupation est de trouver un bivouac pas trop loin pour revenir voir les geysers demain matin si la météo s'améliore. Un parc pseudo-naturel garni de grands arbres (vraiment grands ceux-là), d'une chapelle et de quelques aménagements (tables à pique-nique, lavabos, WC) a été aménagé à cinq minutes de Geysir, mais le camping est interdit à l'intérieur de son enceinte clôturée. Après l'avoir exploré, nous décidons de revenir camper juste en limite, à l'extérieur, abrités du vent par la végétation. Nous avons du travail, puisqu'il nous faut nettoyer les champignons avant de les cuisiner. Malheureusement nous nous apercevons rapidement qu'ils sont tous véreux, et nous n'en sauverons pas un seul ! Au menu ce sera donc une omelette à l'oeuf.