Mercredi 29 août

Un grand soleil nous accueille au réveil. Nous nous précipitons vers Geysir pour prendre de belles photos au soleil, et la lumière change tout, mettant en valeur les magnifiques couleurs des bassins, dépôts de sublimés ou de geysérite, et autres mares de boue. Nous mitraillons Strokkur, bien que la photographie des geysers soit un art très difficile. Avec l'avantage pour l'appareil numérique de pouvoir visualiser tout de suite le résultat, et éventuellement reprendre une série de photos pour corriger le tir. L'instant précédant l'éclatement de la bulle est particulièrement délicat à fixer sur la pellicule.
Le périple se poursuit sur la F35 qui longe la Hvítá en direction du nord. Les effets des programmes de revégétalisation sont parfois surprenants : un champ de graminées jaunies, et nous voici transportés dans les steppes d'Asie centrale. C'est dépaysant. Mais la rudesse de la nature reprend vite le dessus, et le désert refait son apparition aussitôt. Nous longeons par l'est le glacier Langjökull, dont nous apercevons au loin une langue glaciaire vêlant des isbergs dans le lac Hvítárvatn.

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Nous effectuons un détour rapide par Kerlingarfjöll, la " montagne des sorcières ", montagne rhyolitique colorée datant du Pléistocène (donc récente) et rappelant le Landmannalaugar, avec la présence du glacier Hofsjökull en plus. La végétation est quasi-absente, mis à part quelques mousses. Le champ géothermique à proximité duquel nous pique-niquons (le troisième d'Islande en superficie) regroupe des centaines de solfatares, dont la particularité par rapport à celles que nous avons déjà visitées est de percer au milieu du glacier et des névés. L'alliance du feu et de la glace, l'Islande typique. Une station de ski d'été a également poussé sur le site. Mais les glaciers sont ouverts et crevassés, la saison est terminée, et les bungalows comme les boutiques sont fermés, rendant l'ensemble presque lugubre. Le temps s'est couvert, il fait froid avec l'altitude, nous sommes seuls dans le désert. Frédérique ramasse pourtant quelques beaux cailloux aux couleurs vives dans les remblais des pistes de ski, pour ajouter de nouvelles teintes à sa collection. Nous préférons faire route vers Hveravellir plutôt que de tenter une ascension hasardeuse du glacier.

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Après une heure de piste, nous parvenons à Hveravellir sous un ciel d'encre. Quelques touristes encapuchonnés naviguent entre la réception du camping et le refuge. Les plus courageux se baignent dans une source chaude, et nous envions ceux que nous voyons se réfugier au coin du poêle dans le refuge après une bonne baignade. Au bord de la rivière, des petits chevaliers nous ignorent, trop occupés à chasser les invertébrés dans l'eau claire. Le champ géothermique est très aménagé, avec un cheminement matérialisé par un ponton en bois circulant entre les cocottes minutes et les bassins. Le site est d'ailleurs d'un grand intérêt, bien que modeste en superficie. Comme à Geysir, les bassins d'eau chaude sont entourés de geysérite finement ciselée.

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Des ruisseaux tièdes ont également leur lit bordé de geysérite. Une des bouches de vapeur crache suivant un cycle très particulier : cela commence par un gargouillis étouffé, pour enfler jusqu'à atteindre la force d'une locomotive à vapeur, avant de diminuer progressivement. De vastes champs de lave entourent la zone.

Il est tard pour partir randonner, et nous nous mettons à la recherche d'un bivouac un peu à l'écart. Une piste caillouteuse part vers l'ouest, nous la suivons. Elle quitte le désert de laves pour s'aventurer au milieu de pâturages herbeux très vallonnés. Après une descente raide et une légère remontée, nous aboutissons à un parking terminant la piste. Celle-ci continuait autrefois en direction d'un refuge dont nous devinons la silhouette au loin, mais aujourd'hui un panneau signale que cette piste est fermée pour protéger la nature et permettre à la fragile végétation de se reconstituer. Le refuge n'est plus accessible qu'à pied, et c'est tant mieux. L'endroit semble intéressant pour un raid sur plusieurs jours, il faudra revenir. C'est en retournant sur nos pas de quelques centaines de mètres que nous trouvons un élargissement de la piste un peu plus abrité et propice au bivouac. Il fait froid et humide, la neige menace. Les vols d'oies sauvages qui crient haut dans le ciel annoncent déjà la fin de la belle saison. Si demain tout est blanc, comment referons-nous cette piste raide en sens inverse ?

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