Le temps est au beau fixe ce matin, et le moral aussi. Après la rude journée d'hier, nous avons envie de paresser un peu. Je profite d'une belle lumière pour photographier la végétation des laves : saules, camarine, armérie maritime, bruyères... Quelques photos des laves cordées aussi, et des bulles de lave géantes qui recouvrent tout le terrain.
Face à nous, un glacier dôme dégouline d'un volcan bouclier. Nous nous mettons en route assez tard finalement, lorsque je repère sur la carte une piste menant au glacier Eiríksjökull et permettant de s'en approcher assez près en voiture. Et nous voilà repartis à escalader des pentes absurdes et instables en Land, à l'assaut d'un glacier que nous n'atteindrons jamais. En pleine pente, le courageux 4x4 refuse d'aller plus loin, et nous devons rebrousser chemin, non sans une dernière tentative désespérée. Nous nous arrêtons à Húsafell faire le plein d'essence et, miracle, trouvons une cartouche de gaz Camping-gaz pour le petit réchaud : depuis deux jours la deuxième grosse bouteille de gaz donne des signes de faiblesse et nous commencions à nous rationner sur le café pour tenir jusqu'au bout du voyage. Le pain banique - que Christophe apprécie particulièrement, longuement cuit à l'huile d'olive - explique notre consommation excessive de combustible.
Après un pique-nique en bord de tourbière, nous traversons le Kaldidalur par la F550, nouveau désert entouré de montagnes rhyolitiques, très surpris de constater que le glacier Ok sur notre droite a quasiment disparu. Serait-ce aussi une manifestation du réchauffement climatique ? Depuis quelques années, les ornithologues d'Islande constatent l'installation sur leurs terres d'oiseaux habitant normalement plus au sud, tandis que les espèces arctiques déclinent et se raréfient. Bientôt la forêt tropicale en Islande ?
En sortie d'une gorge, nous débouchons sur la vallée de Thingvellir, site historique de premier Parlement islandais. Une magnifique faille, que nous parcourons sous la pluie, capte la rivière en une jolie cascade dans les basaltes. Le site abrite aussi une chapelle, un hôtel... Un centre touristique nous permet d'échapper à la pluie un instant, et d'acheter quelques cartes postales.
Nous hésitons à chercher un bivouac près du lac Thingvallavatn,
mais le vent nous contraint à retourner chercher refuge dans la gorge
de Thingvellir. L'endroit est d'ailleurs fort sympathique, un petit replat
herbeux abrité au creux d'un virage, bien qu'un peu proche de la route.
Comme d'habitude, je m'installe aux fourneaux à l'arrière du
Land pour cuisiner : bacon et purée, rien de très original.
Pourtant ce soir une odeur aromatique inhabituelle s'échappe de mes
gamelles. J'essaie de comprendre ce que j'ai pu changer à ma recette
: purée en flocons, lait en poudre, ail déshydraté,
huile d'olive en paillettes à cause du froid, lorsque je m'aperçois
que je suis en train de faire cuire le tuyau d'alimentation en gaz du réchaud.
Je saute sur le robinet pour couper l'alimentation immédiatement, mais
c'était limite. Un tuyau tout neuf ! Nous le raccommodons tant bien
que mal au scotch électrique pour dépanner, façon Gaston
Lagaffe. La purée est sauvée.