Mercredi 5 septembre

La journée se passe sur la route goudronnée, à contourner des fjords interminables. Nous naviguons maintenant dans les basaltes du Tertiaire vieux de plus de 3 millions d'années, un âge très avancé pour des roches islandaises. Le paysage ressemble beaucoup aux îles Féroé, avec ces strates de basaltes de couleurs différentes qui se succèdent du fond des fjords aux sommets de plus de 1000 mètres

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La route contourne des marais et des vasières, lieux de nourrissage de colonies importantes d'oiseaux d'eau : cygnes chanteurs, canards siffleurs, barges à queue noire, chevaliers gambette. Tout ce petit monde nage, patauge et fouille la vase pour en dénicher les invertébrés qui s'y planquent. Nous nous arrêtons à plusieurs reprises pour les observer, assis en bord de route derrière la longue-vue.
Quelques villages de pêcheurs sont installés sur les pentes herbeuses à l'abri des fjords, constitués souvent de quelques maisons, d'un petit port et d'énormes silos. Au détour d'une rue, Frédérique s'étonne : " Tiens, voilà que je comprends l'Islandais maintenant ! ". Un panneau indique " Rue du port ". En fait nous traversons le village des marins français, où un triste cimetière abrite les tombes des " pêcheurs d'Islande " qui n'ont jamais revu leur Bretagne natale.
Alors que je suis au volant, nous arrivons sur d'importants travaux d'élargissement de la route n°1. De gros camions de chantier charrient des tonnes de terre au milieu des bulldozers, et un bourbier épais et gluant recouvre la piste. Christophe s'affole en voyant le dangereux franchissement que nous allons devoir traverser. Il me conseille : " Passe en vitesses courtes, et bloque le différentiel. Et essaie de ne pas t'arrêter, sinon on n'en ressort pas. " Je m'exécute de bonne grâce, et nous traversons sans encombre. Nous croisons au passage quelques berlines à 2 roues motrices, dont les malheureux conducteurs inconscients n'ont sans doute pas entrevu le danger d'une telle manoeuvre.

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Pour prolonger un peu le voyage, nous quittons la route 1 au niveau de Breidhdalsvík au profit de la route 96 qui suit les fjords quelques temps encore. Nous poussons jusqu'à Egilsstadhir où nous reconstituons nos réserves en prévision du voyage : tube de poisson, Ostur, Surmjólk, quelques conserves, de quoi pique-niquer jusqu'en France. Autre préparatif important avant le départ : passer le Land au jet, qu'il soit impeccable au moment de franchir la douane. D'ailleurs toutes les stations-service du pays sont équipées de tuyaux d'eau et de brosses, et le nettoyage des 4x4 est un sport national en Islande.
Nous retournons sur nos pas et trouvons un joli bivouac bien situé en bord de rivière, à dix minutes d'Egilsstadhir, caché au milieu des arbres. Au repas ce soir, Aïoli du routard. Frédérique et moi adorons le poisson sous toutes ses formes, et nous sommes bien décidés à en remanger. Confortés par le succès d'hier soir, nous décidons de ruser pour en faire avaler à Christophe. Je propose donc un aïoli avec le poisson acheté à Egilsstadhir, et Christophe est ravi. La recette pourrait choquer les puristes, qu'ils me pardonnent : filet de cabillaud frais, mayonnaise en tube, ail déshydraté, et pour l'accompagnement purée en flocons préparée avec du lait en poudre. Terminer par un bon café, lyophilisé bien sûr !

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